Les vers de Lise se lisent autour d'un verre

Dimanche 26 décembre 2010 à 10:56

 tu sais, je crois que j'ai toujours vécu pour les autres. On ne me l'a pas imposé, ça a presque été un  choix. Mais après tout comment vivre pour soi quand on ne se sent pas exister?
J'avais besoin de reconnaissance. De sa reconnaissance plus que de celle de n'importe qui. Je me suis mis en tête de faire quelque chose de bien. Pas quelque chose d'admirable non, juste quelque chose de bien. Une de ces choses qui fait que les gens qui t'aime sont fièrs de toi. Pour voir s'il le pouvait. Etre fier de moi.
 
Je crois que quelque part, encore aujourd'hui, il reste au fond de moi cette envie, ce besoin de le sentir fier de moi un jour.
Mais plus fort que ça, il y a l'envie de commencer à faire les choses pour moi. Sans réfléchir aux conséquences et aux qu'en dira-t-on. Faire les choses parce qu'au fond de moi je ressens le besoin de les faire.
 
Et la chose qui me fait le plus envie, quoi que tout le monde puisse en penser, jusqu'à marcher sur les batons qu'ils mettront dans mes roues, c'est de m'installer avec toi l'année prochaine. M'installer pour de vrai dans un endroit bien à nous. Et toujours se rappeller que nous aussi on a le droit de s'aimer.
 
Je veux vivre pour moi quitte à me battre contre tous les autres.

Samedi 18 décembre 2010 à 18:26

 Si tu savais à quel point il faut que je me batte pour avoir le droit de t'aimer. Contre tous, tous ceux qui m'entourent et qui feingnent de ne pas pouvoir comprendre. Qu'y a-t-il de si dur à cela? 
Malgré les apparences trompeuses que laisse la distance à la vue des gens, tu me fais du bien. Tu me raisonnes, me fait avancer, me pousse à me battre contre tout ce qui m'entoure plutôt que de me laisser marcher dessus. Tu m'as fait grandir, tu me fais grandir. Encore.
Sans toi, je ne serais pas moi. Et aujourd'hui, je ne veux plus vivre sans toi. Où que ce soit.


Je pensais avoir besoin du Sud. Ne pas pouvoir m'en détacher, ne pas savoir vivre ailleurs. Mon sud. Et ma ville en particulier. Ma ville où je ne pouvais pas retourner. Pas comme ça, pas d'un coup. Pas de suite .Ca sonnerait trop comme un échec. Et je n'en voulais pas un. Alors j'ai changé de ville, quelque peu changé de Sud aussi. Mais le soleil est là, et la mer à quelques pas. Et ça ne  va toujours pas. Il m'a fallu du temps pour le découvrir. Savoir quel était ce vide en moi. Il m'a fallu du temps avant de voir que je n'étais plus qu'un leurre de moi. Je ne me ressemblais plus. Quand j'ai compris ça, il ne m'a pas fallu si longtemps que ça pour comprendre ce qu'il me fallait. Ce qu'il me manquait pour être bien. Il me manquait toi. C'est si simple que ça.
Partir, faire le choix de partir. Pour moi. Chez moi. Là où je ressentais le besoin d'être. Ca m'a fait du bien. En m'éloignant de toi, c'est là que j'ai compris que je ne le voulais pas. Plus jamais. Même si ça  veut dire Paris. Avant, je le disais. Maintenant, je l'ai essayée, cette position délicate. Et je peux dire que pour être avec toi, j'irais où tu voudras. Même le sud sans toi ne me va pas.


Alors voilà. Je suis prête. Prête à me battre pour toi, prête à me battre pour nous. Et quoi qu'ils en disent, je le  veux. Je veux être toi, vivre avec toi, mélanger nos vies dans un appartement , le décorer un peu quoi que tu en penses, mais comme on aime tous les deux. Et je suis prête à monter à Paris, à passer du temps là bas si c'est pour être avec toi. Je viendrais avec le sourire. Et avec l'envie. Alors ça pourra pas foirer. Pas cette fois. Pas encore une fois.

Je t'aime bien trop pour ça. Et je ne veux plus vivre sans toi.

Samedi 18 décembre 2010 à 13:29




 Et chaque fois que je retombe sur ses mots, autant de larmes coulent sur mes joues.


 

Samedi 18 décembre 2010 à 13:18

 Il y a eu cet accident. Celui duquel je n'ai parlé qu'à peu de personnes. Seulement les plus éloignées. Même pas à F.


De jolies retrouvailles dans le froid. On s'fait la bise et on monte dans la voiture. Twingo. Changement de cap, en ville il fera trop froid. On opte pour le centre commercial. Celui où on trouvera quand même ce que l'on cherche. On se raconte les dernières nouvelles. Parfois vieilles de cinq ans. Voire plus. Ca faisait tellement longtemps qu'on avait oublié de se retrouver. On rigole, on pleure pas, pas dans la voiture, pas au volant. Mais c'est pas toujours tout rose, nos histoires. Ils nous font tourner comme des bourriques, ces hommes qu'on se raconte. Et nous on s'attache toujours plus fort. On a beau changer de sujet, on en revient toujours à eux. La route passe sous les roues de la voiture. Cette route qu'on connait depuis tellement longtemps. Ce rond-point aussi, on le connait bien. C'est toujours le même après toutes ces années. Les mêmes voitures qui roulent trop vite, les mêmes trois voies. On s'insert tant bien que mal, après avoir laissé passer du monde. On n'est pas pressées après tout, et derrière nous, il n'y a personne. Quand on est rentrées sur le rond-point, j'ai bien vu ce quatre-quatre de qui on était peut-être rentrées un peu près. Mais pas cette autre voiture. Plus le temps passe et plus je suis prête à jurer qu'elle n'était pas là, qu'elle n'était pas sur le rond-point. Peut-être s'insérait-elle à peine, juste en même temps que nous. Mais alors on avait le temps de passer. Normalement. Mais ça ne s'est pas passé normalement. Il y avait cette voiture, celle qui n'était pas là et qui avait décidé d'aller tout droit, alors qu'on voulait continuer sur le rond point. On parlait d'eux, encore, quand on s'est senties déportée, poussées violemment. Quelques dixièmes de seconde pour réaliser qu'il y avait trop près de nous cette voiture grise. Une mégane, au moins. Une qu'on aurait pas loupé s'il avait fallu la voir. Et puis larmes et tremblements. Il a fallu la rassurer, elle qui était au volant. Elle qui a eu le choc encore plus près que moi. J'en tremble encore. Il ne s'est rien passé. On a pas vu nos vies défiler. On a eu le temps de rien. Quelques secondes encore pour échanger nos premiers mots, après les premiers regards. Savoir si ça allait. C'était le plus important au final. Et puis la panique. Jamais, jamais on avait eu un accident. Jamais on avait prévu d'en avoir un aujourd'hui, pas après toutes ces années où on ne s'était pas vues. Et puis cette dame pas tellement aimable. Et elle qui pleure. La rassurer. La rassurer. Observer la voiture. On peut toujours rouler, c'est que de la tôle. On a rien. Tout va bien. On  va apprendre à rédiger un constat. Et puis voilà. On se souviendra de ce jour au moins. J'ai pris le dessus. Pris les devant. Cherché les papiers, trouvé les papiers. Sorti les stylos. On pouvait y aller. Ca n'est pas passé vite. On s'est débrouillées seule alors que cette dame a fait venir son père. Pépé qui voulait nous embrouiller. C'était pas le moment de rester choquées, il allait pas nous embrouiller. On allait prendre le dessus et pas se laisser écraser sous prétexte qu'on est plus jeunes. Beaucoup plus jeunes. Et alors? Reprendre le dessus sur nos émotions et ne pas se laisser écraser. On l'a fait. On a rempli ce qu'on avait à remplir ; dis ce qu'on avait à dire : fait entendre ce qu'on avait à faire entendre. Elle s'est excusée mille fois auprès de moi, comme si c'était sa faute que ni elle ni moi n'ayons vu cette voiture qui traversait trop vite. Puis on a continué notre route. On a fait un peu comme si de rien n'était. Laissons le passé si proche dans le passé pour un déterrer un bien plus lointain. Celui du collège, sept ans auparavant. On s'est promenées, on a bu un café, mangé des gâteaux et fait le chemin inverse. On s'est dit à bientôt et on a repris nos routes.



C'est le soir. Et les jours d'après que je me suis rendue compte. Que j'ai accusé le coup. Que la vie est fragile, que ça aurait pu être plus grave. Biensûr, avec des si, on serait mortes. Mais quand même. Avec des si, je serais morte en l'ayant vu il y a deux mois. F. Celui que je  veux pour la vie. Et je ne lui ai rien dit.

Samedi 18 décembre 2010 à 12:55

 Je ne voulais pas. Je ne voulais plus. Mais je crois que parfois le besoin d'écrire est plus fort que la raison tant le ventre fait mal.
Je suis de retour.

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